La Compagnie du Reste ici
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Sins l'dire

L'attention va vers des "petites gens" qui se maintiennent à l'écart des références culturelles et dont la souffrance et les obsessions secrètes sont matières à créer une abondante production indépendante.
Le projecteur sera mis sur ces artistes de l'ombre pour lesquels le mot "Culture" n'évoque que les jardins. Et si certains de ceux là ont un jardin, c'est pour l'investir de leur "bric à brac" et y mettre en scène leurs manies et non pour y cultiver.
La Compagnie du reste ici propose de dire en contes des portraits de ces marginaux en évitant le pathos.
"Sins l'dire" se veut etre un hommage à toutes ces personnes qualifiées comme "hors normes", n'ayant pu partager cette identité avec leur entourage ou ayant eu en commun avec d'autres inconnus cette solitude, ce repli sur soi provoqués par l'incompréhension ou la condescendance quand ce ne fut pas la raillerie.
Elles travaillaient dans l'ombre, répétant les memes gestes jusqu'à l'épuisement, dessinant sur tout support, peignant sans cesse les memes motifs, collectant, bricolant, batissant des architectures fantasques, assemblant des objets récupérés jusqu'à saturation.
Dans une solitude pesante, avec une humilité sans borne, en proie à leurs souffrances intérieures, elles s'abandonnaient à leurs secrètes obsessions. Certaines, trop peu, furent identifiées, leur production reconnue, sauvée, classée, répertoriée, on les fit entrer, sans leur dire, dans le monde de "l'art brut".
Forts de rencontres, de témoignages, d'engagements et de partenariats artistiques avec des "petites gens" en soin dans les établissements de santé mentale, la compagnie du Reste-ici veut faire des portraits inspirés de ces personnages non pas "hors normes" mais "hors du commun".
En écho aux productions fictives ou réelles des héros du spectacle, les sculptures de Christiane Calonne auront sur scène autant de force de présence que les conteurs qui les manipuleront.
Actrices muettes, composées de matériaux de récupération, dans toute la singularité de leur assemblage, elles se présenteront une à une pour figurer les différents personnages.
Sur un mode évolutif, le public assistera à des constructions, déformations, transformations de multiples tableaux, subtil mélange d'art plastique et d'art vivant.
L'intention veut une présentation où l'on sent poindre certaines références aux farces burlesques des bateleurs d'antan, une présentation délibérément simple et dépouillée, privilégiant le retour sur soi à la dispersion ou à la passivité de l'attractivité d'artifices.

Avec les matériaux de récupération pour décor, il s'agit d'aller au-delà de la simple exposition et de passer à une « exposition contée »
Nés dans le Nord de la France, les membres de la Compagnie du Reste ici sont restés proches de ce territoire, continuent d'y vivre, d'y travailler et d'y créer.

Ils ont convoqué dans leur jeu nombre de "héros" de ce territoire et des souvenirs de "petites gens", "de gens de chez nous", qui ont peuplé leur enfance pour des spectacles et quelques "petites formes" produits dans la région Nord Pas de Calais.
Ils ont pris le parti de dire avec les sonorités et les mots d'une langue encore largement usitée.
Ce faisant, ils ont pris le risque de décevoir les spectateurs friands de grosses farces dans une langue reléguée dans le registre de la facilité populaire, souvent associée à des modes d'expression bon enfant, frisant le vulgaire, le grossier ou le grivois, trop "populaire" au sens péjoratif du terme.
Ils ne veulent pas sacrifier à l'effet de mode, au folklore, à l'utilisation parfois hystérique de certaines expressions.

Ils se rangent bien humblement auprès de ces quelques utopistes, ces chercheurs, ces universitaires, ces artistes, qui veulent redonner à cette langue toute sa légitimité, sa place dans le patrimoine régional, à tous ceux qui veulent croire en l'émotion qu'elle dégage. C'était une langue de "classe", mais c'est ainsi que s'exprimaient les héros de leurs histoires.




Création